Place du Martroi
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La place du Martroi et la statue de Jeanne d'Arc, à gauche la chambre de commerce et à droite la Chancellerie. |
Les origines de la Place du Martroi
Le Martroy ou Martray vient du latin Martyrium et désigne la place sur laquelle on exécutait les condamnés. On ne sait pas si ce nom fait référence à l'ancien cimetière antique qui occupait cet emplacement à l'époque gallo-romaine (le cimetière situé au nord de la Cathédrale Sainte Croix portait le nom de Martyrium aux corps) ou s'il renvoit aux nombreuses exécutions qui y furent pratiquées.
L'actuel Martroi est le second d'Orléans. Le premier, dont il ne subsiste plus rien, était appelé Martroy aux Bleds ou Place Saint Sulpice. Il s'étendait sur l'emplacement actuel du nord de la Rue Jeanne d'Arc entre la Rue Charles Sanglier et la Rue Sainte Catherine et servait déjà de lieu d'exécution et de marché aux blés.
La place du Martroi fut incorporée à la cité lors de la construction de la seconde enceinte. Il reste quelques vestiges visibles de cette époque dans le parking situé sous la place. la Place du Martroy accueille le marché au blé. Après la Renaissance, le coeur de la ville se déplace définitivement du Châtelet vers le Martroi.
L'aménagement de la place
Au XVIII siècle, un projet d'aménagement du centre ville voit le jour. Suite au percement de la Rue Royale, il est décidé d'aménager le Martroi, sur les plans de de Galley, inspecteur des bâtiments du Roi à Orléans. Il est prévu d'ordonnancer la place en l'entourant de pavillons de même style.
Le premier édifice de ce projet est la Chancellerie.
Sa construction démarre au mois d'Août 1754, sous la direction de l'ingénieur
Hupeau et de Robert Soyer. Malgré sa désignation, ce bâtiment n'a jamais
fait office de Ministère de la Justice (Sous l'Ancien Régime, le Chancelier
était le second personnage du Royaume et avait la fonction de chef suprême
de la Justice). Mais le Duc d'Orléans, commanditaire des travaux, rend
ainsi hommage à son arrière grand-père Philippe, frère de Louis XIV,
qui avait accédé au titre de Duc d'Orléans. Le Roi refusant que les
dignitaires du Royaume résident en dehors de Versailles, Philippe ne
demeura donc jamais à Orléans mais y conserva sa Chancellerie.
En 1756, le Duc d'Orléans fait transférer à la Chancellerie les archives
du Duché jusqu'alors conservées au Châtelet.
Il était ensuite prévu de construire :
- les fermes de l'Apanage, bâtiment identique à la Chancellerie et de
l'autre côté de la rue Royale,
- l'Hôtel de Ville, en face de la Chancellerie,
- le nouveau Châtelet, en face des fermes de l'Apanage,
- l'Intendance entre la Chancellerie et l'Hôtel de Ville,
- le théâtre, monté sur arcades, face à l'Intendance.
En 1863, un pendant est ajouté à la Chancellerie : la Bourse du Commerce (qui deviendra par la suite la Chambre de Commerce et d'Industrie).
Le projet d'ordonnancement de la Place s'arrêtera à ces deux constructions.
Le centre de la vie publique
La Place du Martroi est le centre de la vie politique publique. C'est sur le Martroi -qui porte alors bien son nom- que la guillotine est dressée pendant la Révolution. C'est là qu'a lieu l'autodafé, en Février 1816, destiné à faire disparaître tout ce qui a trait à Napoléon. C'est ici encore, devant la Chancellerie, que s'arrête, le 28 Juillet 1830, la diligence en provenance de Paris. Les voyageurs informent les Orléanais du soulèvement parisien et en quelques instants, la Place se remplit d'une foule qui hurle "Vive la Charte ! A bas le Préfet Foresta". C'est sur le balcon de la Chancellerie que quelques jours plus tard, le 1er Août, le premier drapeau tricolore d'Orléans est hissé.
A la fin du XIXème, au moment du percement
de la Rue de la République, la Place du Martroi s'enrichit de
2 nouveaux bâtiments : les Rotondes. La Place du Martroi
exerce toujours sa force d'attraction sur les badauds.
Les exécutions n'ont plus cours mais le Martroi reste le centre commercial
de la ville. La Petite et la Grande Rotonde deviennent deux cafés réputés
de la Belle Epoque. Des projections en plein air sont organisées par
un café. La place en compte au moins une demi-douzaine. En 1950, au
Sultan (aujourd'hui Bar de la Renaissance), les tractations et les transactions
commerciales vont toujours bon train.
L'incendie de la ville en Juin 1940 détruit tous les bâtiments de l'aile Ouest de la place et une partie des autres façades. La reconstruction se fait dans un style moderne mais selon les normes des anciennes architectures. Les cafés sont remplacés par des banques et des administrations.
La statue de Jeanne d'Arc
En Février 1803, la commune commande une statue de Jeanne d'Arc, au sculpteur Gois, pour remplacer le monument dédié à l'Héroïne et qui avait été détruit pendant la Révolution. Plus modeste que celle que nous connaissons aujourd'hui, cette statue était située à l'angle nord-est de la place. Elle fut déplacée au bout du pont Royal avant d'orner une boutique de la ville.
En 1853 et 1854, deux loteries sont organisées pour trouver des fonds pour financer la nouvelle statue de Jeanne d'Arc, dont l'érection avait été ajournée d'année en année, faute de crédits.
Le 31 mars 1855, le socle est commencé, et le 22 avril, la statue est en place. Elle est inaugurée le 8 mai de la même année au cours des fêtes de la Délivrance. La statue est l'oeuvre du sculpteur Foyatier et représente Jeanne d'Arc rendant grâce à Dieu. Les bas-reliefs, dus à Vital Dubray, racontent l'histoire de Jeanne.
Clin d'oeil de l'Histoire, la statue est fondue à partir de vieux canons anglais, récupérés au ministère de la Défense par Arthur d'Illiers.