La IIIème République (1870-1940)


Histoire d'Orléans

Histoire de France
Chronologie des principaux événements de l'époque


La guerre contre la Prusse

4 septembre 1870 : à la suite de la défaite de Sedan, des rescapés de la bataille sont pris en charge par la population orléanaise. La République est proclamée, mais la guerre continue. Le 5, M. Péreira est nommé prefet du Loiret par le gouvernement de défense nationale.

Le 14, Pereira annonce aux orléanais que l'ennemi approche. Le conseil municipal supprime les droits d'octroi sur les animaux en transit et les troupeaux sont amenés sur la rive gauche. La défense d'Orléans est alors sous la responsabilité du général Peytavin, lui-même sous les ordres du général De Polès.

Dans la nuit du 20 au 21, des informations contradictoires en provenance du front, décident Peytavin à passer à Loire, puis à faire sauter les ponts. Pereira estimant le danger moins pressant, parvint à sauver les 2 ponts. Le 22 au matin, la ville est abandonnée par les soldats. Dans la journée le général Faye, successeur de Peytavin arrive à Orléans, suivi le lendemain par le général De Polès.
Les orléanais apprennent alors que les prussiens ont investi Pithiviers.

Les jours suivants, des combats ont lieu au nord de la forêt. Le 26, De Polès apprend par les espions l'arrivée de seize escadrons de cavalerie prussienne et de quarante canons. Il décide à son tour de battre en retraite au sud de la Loire, laissant cinq à six cents hommes dans la forêt. En réalité, les soldats prussiens en question étaient chargés de ravitailler les troupes assiégeant Paris. Les orléanais disposent ainsi d'un répit de quelques jours, au cours duquel on voit revenir le général de Polès, peu fier de sa manoeuvre.

Le général de Lamotte-Rouge, un militaire énergique, vient alors prendre le commandement des troupes qui défendent la ville. Le 5 octobre, il ordonne une offensive sur Toury, et repousse ainsi les prussiens en dehors du département, les forçant à quitter Pithiviers. Malheureusement, ce fait d'armes attire l'attention du commandement allemand, qui inquiet de cette activité, envoie sous les ordres du général von der Tann, quinze mille bavarois appuyés de cent canons, en direction d'Orléans. Lamotte-Rouge ne dispose quant à lui que de dix mille hommes et quelques pièces d'artillerie.

Le 10 octobre, le 1er corps bavarois attaquen Artenay, et le bruit des coups de canons fait sortir les orléanais dans la rue. A l'issue d'un violent combat, les français doivent se replier. Lamottte-Rouge part à Cercottes pour évaluer la situation et décide à lui aussi de se replier sur la rive gauche.

Les combats du 11 octobre

Le lendemain cependant, les troupes d'arrière-garde tentent encore de contenir l'avancée allemande. Les soldats français, retranchés dans les faubourgs, aux Aubrais et aux Aydes, sans ordres de leur commandement, entament alors un combat de rues héroïque, à l'image du bataillon du commandant Arago, qui sera tué devant le numéro 423 du faubourg Bannier. Toute la journée, soutenus par les habitants qui recueillent et soignent les blessés, la résistance qu'ils opposent est telle, que les allemands n'ont d'autre choix que de les bombarder. Quelques obus se perdent dans le centre ville, mais le maire, M. Crespin refuse d'arborer le drapeau blanc.
Mais les derniers soldats français sont pris en tenaille et tués pour la plupart.
Vers 19 heures, les bavarois commandés par le général von der Tann envahissent la ville, en pillant au passage les épiceries.

L'occupation bavaroise

Le lendemain, Von der Tann exige une contribution de geurre de 1 500 000 francs sous 24 heures assortie de 500 000 de réquisitions en nature.
Les bavarois étant catholiques, Mgr Dupanloup accompagné d'Adolphe Crespin, intervient auprès de von der Tann. Ce dernier, qui sait d'autre part que Dupanloup est en correspondance avec la reine de Prusse, réduit courtoisement ses exigences à 1 000 000 francs que le maire parvient à réunir en 2 jours.

La contre-attaque de l'armée de la Loire

L'armée de la Loire, repliée au sud de la Ferté-Saint-Aubin et commandée désormais par d'Aurelle de Paladines, riposte le 5 novembre, en attaquant simultanément à l'ouest et à l'est, tout en étant bénéficiant de l'appui des francs-tireurs.
La contre-attaque est couronnée de succès, forçant von der Tann à quitter la ville. A 22 h, les troupes françaises arrivent à Orléans, et les bavarois restés sur place sont faits prisonniers.

La reprise d'Orléans par les prussiens

Le 10 novembre, Gambetta et d'Aurelle se rencontrent à Ingré, et décident qu'Orléans doit devenir le camp retranché de l'armée de la Loire. La ville est ceinturée de batteries.
Pendant ce temps, les armées allemandes se regroupent, et d'Aurelle ne peut plus risquer une offensive sans exposer ses troupes à des dommages importants. Néanmoins Gambetta insiste pour qu'il passe à l'offensive, et le 1er décembre la bataille s'engage, tournant à l'avantage des français qui occupe au soir Villepion et Terminiers. Le 2, d'Aurelle prend Poupry, mais Chanzy ne parvient pas à se maintenir à Loigny, et le lendemain, les français commencent à reculer : Martin des Paillières à Chilleurs, puis d'Aurelle à Cercottes.

Le 4, ils tiennent encore Gidy, Cercottes et Patay, mais les allemands avancent sur la route de Chilleurs, les forçant à se replier en ville.
Redoutant un combat similaire à celui du 11 octobre, les allemands décident de ne pas attaquer de front. Ils s'infiltrent jusqu'à La Chappelle et par le faubourg Bannier. A 9 heures, ils sont aux Aubrais. Les prussiens envoient un parlementaire pour demander l'occupation de la ville en menaçant de la bombarder. A 10 heures, d'Aurelle ordonne l'évacuation de la ville.

L'occupation prussienne

Les armées prussiennes sont sous les ordres du prince Frédéric-Charles, décidé à se montrer moins conciliant que von der Tann, lors de la première occupation.
La municipalité est maintenue en fonction pour servir de lien entre le prince et les orléanais. Frédéric-Charles s'installe à la préfecture. Le préfet Pereira est enfermé chez lui, où il mourra le 20 janvier, faute de soins. La dureté de l'hiver et les réquisitions rendent la vie des orléanais très difficile
Entre octobre et avril, plus de 20 000 blessés sont soignés dans la ville, allemands et français confondus.
Pendant ce temps, les allemands, redoutant une contre-attaque française, renforcent les défenses de la ville.

Le 16 décembre, au cours d'une rixe, un soldat est tué. Le prince Frédéric-Charles exige 600 000 francs d'amende, réunis avec peine par la municipalité.

Le 4 janvier, le prince Frédéric-Charles est remplacé par le prince Louis de Hesse. Le 6, le roi Guillaume incorpore le Loiret au gouvernement général de Versailles et place à sa tête le baron von Koemeritz.

A la mi-janvier, le prince de Hesse réclame une contribution de guerre de 25 francs par habitant. La municipalité parvient à gagner du temps jusqu'à la signature de l'armistice le 28 janvier, après la capitulation de Paris. Mais le sort des villes occupées ne fait l'objet d'aucune convention, et le conseil municipal doit à nouveau parlementer avec les autorités prussiennes qui exigent finalement le versement définitif de 200 000 francs que les orléanais parviennent à éviter de payer, en attendant la signature de la paix le 26 février. Les soldats prussiens commencent à évacuer la ville le 8 mars, et le 17, le 13ème chasseurs à pied français fait son entrée à Orléans.


Les nouveaux aménagements urbains

L'extension de la ville vers le Nord

En 1873, une nouvelle organisation militaire fait d'Orléans le siège du commandement du 5ème corps, regroupant plusieurs départements. La ville doit maintenant abriter une importante garnison dépassant la capacité des bâtiments de l'Etape et de Saint-Charles.

Entre 1876 et 1881 de nouvelles casernes voient donc le jour : la caserne Coligny faubourg Bannier, les quartiers Dunois et Châtillon rues du Réservoir et Guillerault (aujourd'hui rues Marcel Proust et Eugène Vignat, les casernes ayant laissé place aux lycées Pothier et Benjamin Franklin), l'école d'artillerie à la Motte-Sanguin et le parc d'artillerie en bordure de la voie ferrée Orléans-Tours.

Parallèlement, le quartier Dunois est aménagé suivant le plan que nous connaissons aujourd'hui.

La nouvelle gare

Depuis 1843, date d'ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Orléans, l'embarcadère d'Orléans était resté tel quel.
En 1875, la construction d'une nouvelle gare est déclarée d'utilité publique. Le bâtiment, comprenant 3 travées en charpentes métalliques à frontons triangulaires, est élevé entre 1876 et 1880.
Mais l'accès à cette nouvelle gare depuis le centre ville, se fait par la rue des Gourdes, étroite et tortueuse, aboutissant rue de la Bretonnerie, à l'angle du palais de justice. L'ouverture d'un axe Nord-Sud reliant le centre à la nouvelle gare devient vite une nécessité, et c'est ainsi que la rue de la République est percée entre 1894 et 1896.

La construction du pont neuf (actuel pont Joffre)

Entre 1903 et 1905 un nouveau pont est construit, en aval du pont Royal. Baptisé pont Neuf, puis pont Joffre après la Grande Guerre, il est entièrement détruit en 1940. Il n'est remplacé en 1959 par l'édifice que l'on connaît actuellement..

L'aménagement du quartier des "Champs Elysées"

Entre 1921 et 1935, la caserne de l'Etape (ou Duportail), située entre la place de l'Etape et le boulevard Alexandre Martin, est rasée, et fait place à un nouveau quartier d'habitation.


La Grande Guerre (1914-1918)

Le début de la guerre

Contrairement à la guerre de 1870, Orléans ne sera pas directement mêlée au conflit, mais participera aux hostilités en tant que ville de l'arrière.

Début Août 1914, les régiments stationnés à Orléans partent sur le front la fleur au fusil: le 131ème d'infanterie, le 8ème chasseurs à cheval et le 30ème d'artillerie.

Pendant les premiers jours de la guerre, les orléanais sont dans l'incertitude, faute de nouvelles du front. Puis, vers le 10 août, des réfugiés chassés par l'avance des allemands commencent à arriver en ville. Les jours suivants, on voit arriver les premiers rescapés des batailles, qui viennent rapidement remplir les différents hôpitaux improvisés à travers la ville, principalement dans les locaux scolaires : les deux lycées, les deux écoles primaires supérieures, les deux écoles normales, le grand séminaire, l'institution Saint-Euverte, le cours Saint-Aignan (rue Saint-Marc), l'école de l'avenue Dauphine, l'institut de Sourdes-Muettes de la rue Saint-Marceau et l'orphelinat Serenne (rue de Lahire).

Pendant ce temps, un détachement indien de lanciers du Bengale traverse la ville en défilant. Leur camp, situé entre St-Cyr-en-Val et Olivet laissera son nom dans la toponymie locale.

Les premières semaines de combats s'avèrent meurtrières. Le 18 septembre, les orléanais apprennent que Charles Péguy fait partie des victimes.

La guerre de tranchées

Un autre écrivain de la région se trouve sur le front. Le lieutenant Maurice Genevoix raconte la guerre de tranchées :
"Sous Verdun", vendredi 25 septembre 1914 ; "S'il est vrai, comme on le dit depuis quelques jours et surtout depuis ce matin, que nous allons nous terrer en face des Boches qui se terrent, que nous allons stagner, pendant des semaines peut-être, en nous guettant de tranchée à tranchée"...
Lundi 28 septembre : "A la lisière du bois il y a d'autres tranchées pareilles à celle-ci, et comme celle-ci pleines de soldats. Mais plus loin, au delà de la plaine, il y a encore d'autres tranchées pareilles, et qu'habitent des soldats qui ne ressemblent pas aux nôtres. On creuse chez nous. On creuse aussi là-bas, dans le camp des rêtres casqués, davantage et mieux que chez nous. Je les ai vus travailler ces remueurs de terre, au bord du vallon de Cuisy..."

A la mobilisation, le 5ème corps d'armée, dont Orléans est le siège depuis 1874, fait partie de la 3ème armée chargée de couvrir le secteur de part et d'autre de la Meuse au nord de Saint-Mihiel. La toponymie locale (l'Argonne, la rue de Vauquois) nous rappelle aujourd'hui certains de ces lieux où les hommes du 5ème corps furent engagés dans des combats extrêmement violents.

L'économie de guerre

La mobilisation étant survenue au beau milieu de la moisson, celle-ci est faite mais n'a pas été rentrée. Vieillards femmes et enfants s'en occupent et la récolte, qui est bonne cette année-là, peut être sauvée.
En revanche, celle de 1915 s'annonce moins importante, car toutes les surfaces n'ont pu être ensemencées.
Mais ce qui manque le plus, c'est la main d'oeuvre. Alors on s'organise : les enfants de plus de dix ans viennent apporter leur aide, à la sortie de l'école ou les jours de congé. Des permissions de 15 jours sont accordées aux agriculteurs, lors des périodes les plus importantes. Les prisionniers de guerre sont aux aussi mis à contribution (jusqu'à un millier dans le Loiret en juin 1917).

Dans l'industrie, on fait appel à la main d'oeuvre étrangère, mais c'est surtout les femmes qui constituent le gros de la main d'oeuvre. On peut les voir à la conduite des tramways, et elles sont largement majoritaires (80 à 90%) dans les usines destinées à l'Intendance. Moins payées que leur homologues d'avant-guerre, nombre d'entre elles finiront par se mettre en grève en 1917 pour réclamer, et obtenir, des augmentations de salaires.
Si certaines industries sont touchées de plein fouet par la guerre (comme le bâtiment par exemple), d'autres profitent largement des commandes des subsistances militaires qui doivent subvenir aux besoins de 8 millions de mobilisés. Parmi celles-ci, on trouve des meuneries, fabricants de conserves (nombreux dans l'orléanais), usines de textile, tanneurs, et bien sûr les usines d'armement. C'est ainsi que la Compagnie Générale d'Electricité, constuite début 1917 rue d'Ambert, fabrique en fait des grenades, employant ainsi 3 000 personnes.

A partir de l'automne 1916, les conséquences de l'économie de guerre commencent à se faire sentir sur la population urbaine : les denrées se raréfient et leur prix augmente. Pour faire face à ces problèmes, la municipalité met en place un Comité municipal d'approvisionnement chargé d'acheter des denrées directement aux producteurs, pour les revendre à la population, sans aucun bénéfice. Ce système permet ainsi de limiter quelque peu la hausse des prix. Malgré tout, la mairie se voit dans l'obligation d'instituer en 1917 une "carte de denrées" familiale, remplacée l'année suivante par la carte individuelle d'alimentation et la carte de pain nationale.

La fin de la guerre

Le 11 novembre 1918, les orléanais apprennent la signature de l'armistice par la T.S.F. D'abord sceptiques, ils laissent enfin éclater leur joie. Tandis que les cloches des églises sonnent à toute volée, les gens s'embrassent dans la rue, et des drapeaux sont accrochés partout.

Un des bataillons héroiques du 131ème ne pouvant être de retour que le 2 août 1919, la municipalité organise "les fêtes de la Vitoire" dès le lendemain. Le défilé démarre faubourg St-Vincent, et arrive au Carré Saint-Vincent, où les autorités civiles reçoivent les régiments victorieux. Puis, le cortège entre dans la ville par la Porte de Bourgogne, avant de parcourir toutes les grandes artères.

Emporté dans un élan patriotique, le conseil municipal nomme une commision spéciale afin d'étudier un changement important du nom des rues de la ville, pour honorer les combattants. On envisage ainsi de rebaptiser les quais de la Loire, quais de l'Yser, de la Marne, de l'Aisne et de la Somme, de transformer l'avenue Dauphine en avenue du Maréchal Foch, la rue Royale en rue du maréchal Joffre, la rue des Carmes en rue du général de Castelnau, et la rue Bannier en rue du Maréchal Pétain. Heureusement, Fernand Rabier parvient à tempérer cette frénésie. C'est ainsi que des segments de rues existantes reçoivent les noms de Vauquois et de Verdun. Une nouvelle rue est baptisée rue de l'Argonne et donne son nom au quartier, et la rue Baillevache devient rue du Onze-Novembre.

La grande guerre aura fait 1 998 victimes parmi la population orléanaise qui en comptait 72 906 en 1914.