La Renaissance et les guerres de religion (1483 à 1598)
Histoire d'Orléans
Les rois de la première moitié du XVIème s. s'emploient à régulariser
et fortifier l'administration municipale et royale, à Orléans comme
dans tout le royaume.
La ville connaît d'importantes transformations urbaines : la grande
enceinte, commencée en 1485 et qui fait plus que doubler la surface
intra-muros, la cathédrale commencée deux cents ans auparavant, des
bâtiments civils, des églises et des hôtels particuliers.
Mais avec le développement de la réforme dans la ville, cette période
fortunée prend brutalement fin et Orléans devient le théâtre des plus
sanglantes tragédies durant les guerres de religion.
- 1485 - 1555 : La grande accrue d'Orléans
- Les nouveaux monuments
- Développement de la réforme à Orléans
- 1560 : La conjuration d'Amboise
- 13 décembre 1560 : Les Etats Généraux
- 1562 : L'insurrection protestante et le siège d'Orléans
- 1563 à 1567 : Le gouvernement de Sipierre et le retour à la paix
- 1567 : Deuxième occupation d'Orléans par les protestants
- 1572 : Massacre de la Saint-Barthélémy
Histoire de France
Chronologie des principaux
événements de l'époque
La grande accrue d'Orléans
Les travaux de le grande enceinte, visant à agrandir la ville vers le nord-ouest sont commencés en 1485 à l'initiative du duc d'Orléans, futur Louis XII et terminés en 1555, sous Henri III.
Les nouveaux monuments
La cathédrale
Au début du XVIème siècle, la cathédrale, commencée deux cents ans auparavant par Robert de Courtenay, est presque achevée.
Bâtiments civils
L'hôtel de ville est le premier bâtiment construit selon les formules
nouvelles. Les procureurs décident vers 1480 de faire construire près
du Beffroi une maison
commune digne de la ville. Le nouvel édifice, mariant les lignes classiques
avec l'ornementation familière de la région est terminé en 1513.
En 1498, le duc d'Orléans, futur Louis
XII décide de doter l'Université d'un vaste édifice où les professeurs
pourront faire régulièrement leurs cours. Ce sont les grandes écoles
que les étudiants fréquentent à partir de 1514 et qui, jusqu'au milieu
de XIXème siècle, honoreront la rue de l'Université d'une façade soigneusement
ouvragée.
L'Hôtel-Dieu est agrandi et embelli, au début du XVIème siècle.
Eglises
Au cours de ces mêmes années, Saint-Aignan
est achevé et enrichi de plusieurs chapelles. Après la cathédrale, c'est
alors la plus importante église d'Orléans; sa haute tour domine la Tour-Neuve,
les remparts et la longue terrasse qu'avait fait élever le roi Louis
XI.
Des églises sont édifiées dans les quartiers neufs : Saint-Paterne (à
l'endroit où existait la petite chapelle de Saint-Pouair) et Saint-Pierre-Ensentelée.
Notre-Dame de Recouvrance et Saint-Paul sont mises en chantier à la
même époque.
Maisons particulières
La splendeur de l'époque éclate d'étonnante façon dans les constructions
qu'élèvent pour se loger les bourgeois de la ville.
Les Brachet font construire, sous le règne de Louis
XII, le somptueux hôtel qui deviendra plus tard l'Intendance. Plus
tard, entre 1525 et 1550, quatre grands hôtels sont édifiés par d'autres
particuliers. Le premier, construit par Euverte Hatte, rue du Tabour,
deviendra le Musée Jeanne d'Arc.
L'hôtel Euverte Hatte (musée Jeanne d'Arc)
Vers 1538, Guillaume Toutin, valet de chambre du Dauphin, fait édifier rue de Recouvrance, la demeure connue sous le nom de maison de François Ier. L'hôtel Cabu, construit sur un plan analogue, date de la même époque. Enfin, sur un plan plus grandiose, Jérôme Groslot, alors bailli d'Orléans, fait élever vers 1550 la maison de la place de l'Etape qui deviendra l'hôtel de ville.
Développement de la réforme à Orléans
Au début du XVIème siècle, les thèses de
Luther arrivent à Orléans, par l'intermédiaire
des étudiants germaniques, et grâce à la diffusion
des livres.
C'est à cette période, entre 1528 et 1533, que Jean
Calvin vient étudier le droit dans les universités
d'Orléans et de Bourges. Il semblerait qu'il ait résidé
à Orléans dans une maison située rue Calvin, détruite
en 1941 pour faire place aux anciens bains douches, récemment
démolis.
Après avoir obtenu son grade de docteur en droit, il adhère
à la réforme en novembre 1533.
![]() |
Restitution de la maison dite de Calvin par Clément Alix. Réalisations 3D :
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Après les milieux universitaires, les thèses de la réforme
gagnent les milieux littéraires, les couches populaires et enfin
les nobles.
En 1557, après l'arrivée successive à Orléans de protestants fuyant
la persécution, l'église réformée est suffisamment
importante pour justifier un pasteur, Fayet venant de Genève.
1560 : La conjuration d'Amboise
En 1560, François II, alors âgé de 16 ans a laissé le pouvoir aux Guise, chefs du parti catholique et favorables à la lutte à outrance contre les protestants. Ces derniers, avec à leur tête le prince de Condé organisent un complot dans le but de renverser les Guise, de faire leur procès, de rétablir les Bourbons sur le trône et de convoquer les Etats Généraux. Mais l'enlèvement mené les 16 et 17 mars au château d'Amboise échoue.
![]() François II |
![]() Louis Ier, prince de Condé |
Le 19 octobre 1560, François II fait son entrée à Orléans, rejoint par la jeune reine Marie Stuart. Deux jours plus tard, le prince de Condé, arrive à son tour, confiant dans la bonne foi du roi. Mais le soir même les Guise le font arrêter, ainsi que la semaine suivante, Jérôme Groslot et plusieurs autres officiers. Le 14 novembre, l'église réformée est dissoute. Le 26, le prince de Condé est condamné à mort. Mais le 5 décembre, François II, souffrant depuis une semaine d'un abcès à l'oreille, meurt dans sa chambre de l'hôtel Groslot.
La mort de François II à l'Hotel Groslot - Tableau de
Pierre Dupuis, 1865
Son frère n'a que dix ans et c'est sa mère Catherine de Médicis qui obtient la régence. Celle-ci cherche aussitôt à échapper à l'autorité des Guise. Le 10 décembre, Condé est en route pour la Picardie, tandis que Groslot se réfugie au château de L'Isle.
13 décembre 1560 : Les Etats Généraux
Les Etats Généraux s'ouvrent à Orléans, le 13 décembre 1560, dans une
salle construite pour l'occasion, place de l'Etape.
Le Chancelier Michel de l'Hôpital obtient que les question religieuses
soient débattues lors d'un prochain Concile, alors que la reine empêche
la noblesse et le tiers de discuter des limites et de la légitimité
du pouvoir royal en leur ordonnant de rédiger des cahiers.
Après de longs et orageux débats,
les Etats sont clos le 31 janvier 1561.
1562 : L'insurrection protestante et le siège d'Orléans.
Le prince de la Roche-sur-Yon, gouverneur de la ville depuis le départ
de la reine, s'efforce de faire cohabiter pacifiquement les deux cultes.
Mais les réformés toujours plus nombreux, prennent de l'assurance, profitant
de l'indulgence du gouverneur. C'est ainsi qu'au cours de l'été 1561,
Groslot fait pendre
sur la place du Martroi, le
procureur de Jargeau, coupable d'avoir fait tuer un protestant.
En 1562, le duc de Guise
organise le massacre des protestants à Wassy, déclenchant le début des
guerres de religion. Condé
décide alors de faire d'Orléans la capitale de la France protestante.
Il entre dans la ville avec deux mille hommes, les catholiques n'osant
lui résister. Au début la cohabitation se passe bien, mais le 21 avril
1562, apprenant que des protestants viennent d'être assassinés à Sens,
les huguenots se soulèvent et les églises sont dévastées. En septembre 1562, à la suite de la prise de Bourges par les catholiques, Condé s'occupe de renforcer la défense d'Orléans. Le 7 novembre, parti en campagne, il se fait battre et capturer à Dreux. Coligny, devenu chef des huguenots, laisse la ville sous les ordres de son frère d'Andelot le 1er février 1563. Cinq jours plus tard, le duc François de Guise arrive à Olivet avec les troupes royales. Il donne l'assaut avec trois mille hommes et il s'en faut de peut que la ville ne soit prise. Le 18 février, après avoir fait venir de Paris des canons et du matériel, le duc de Guise s'apprête à repartir à l'assaut. Mais le soir même, alors qu'il revient d'une tournée d'inspection, il est assassiné par le protestant Poltrot de Méré. |
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Sa mort désorganise l'armée royale et au début du mois de mars des négociations commencent entre Condé, retenu à Amboise depuis la bataille de Dreux, et Montmorency, prisonnier des Huguenots. Le 12 mars, la paix de Caudray (ou de l'Isle-aux-Boeufs) est signée, confirmée dix jours plus tard par l'édit d'Amboise. Le 1er avril, les soldats huguenots évacuent la ville.
1563 à 1567 : Le gouvernement de Sipierre et le retour à la paix
Sipierre, nommé gouverneur par la Reine-Mère est chargé de ramener
la paix entre les Orléanais, dressés les uns contre les autres. Après
avoir désarmé les habitants, le calme revient rapidement.
Le 26 avril 1563, Charles
IX et sa mère arrivent à Orléans, pour donner les instructions nécessaires
à l'application du traité de l'Isle-aux-Boeufs. Les catholiques retrouvent
ainsi une place importante dans toutes les fonctions publiques.
Sipierre, s'attachant à faire respecter scrupuleusement les clauses
de la paix, de nombreux protestants certains d'être en sécurité à Orléans,
viennent s'y réfugier. Le roi décide alors de démanteler la ville pour
éviter qu'elle ne puisse servir de place forte en cas
de nouveaux troubles. C'est ainsi que les tours sont minées, la Porte-Bourgogne
démolie, et la Porte-Bannier transformée en citadelle, occupée par une
garnison catholique.
1567 : Deuxième occupation d'Orléans par les protestants
En 1567, débute la deuxième guerre de religion, et le 28 septembre, les huguenots s'emparent de la citadelle Bannier.Deux jours plus tard, Condé et Coligny entrent dans la ville qui est ensuite envahie de soldats. Mais la ville étant démantelée, Condé ne peut s'en servir pour appuyer ses opérations militaires. Pendant qu'il part mettre le siège devant Chartres, les protestants restés à Orléans s'acharnent sur les églises. Rentrant victorieux de Chartres, mais déplorant ces excès, Condé fait murer les portes de la cathédrale pour éviter de nouveaux saccages. Cependant, un petit groupe de huguenots fanatiques, déçus de voir Condé prêt à traiter avec les catholiques, font sauter la cathédrale.
1572 : Massacre de la Saint-Barthélémy
Après la paix de Longjumeau (23 mars 1568), Charles
IX charge François de Balzac d'Entragues de pacifier Orléans. Ce
dernier doit prendre des mesures énergiques pour limiter les débordements
des catholiques qui s'en prennent aux prêches protestants. Le calme
finit par revenir, mais néanmoins, Charles
IX décide le 23 novembre 1568 de créer l'office de maire dont il
contrôle la nomination, afin de limiter l'autonomie municipale dont
jouit la ville depuis 1384.
Malgré quelques violences exercées sur les protestants au cours du printemps
et de l'été 1569, Orléans semblait pacifiée.
En 1572, à la suite de l'attentat manqué contre Coligny,
la reine craignant qu'une enquête ne démasque les princes catholiques,
cède à la panique, et dans la nuit du 23 août, Charles
IX donne son accord pour l'extermination des huguenots. La tuerie
commence à Paris à l'aube du 24 août et ne s'arrête que le 28 sur ordre
du roi.
Entre temps, des messagers sont chargés de transmettre les sanglantes
instructions en province. Le massacre des protestants à Orléans, fut
opéré avec méthode le mardi 26 et le mercredi 27 et fit 7 à 800 victimes.