La Renaissance et les guerres de religion (1483 à 1598)


Histoire d'Orléans

Les rois de la première moitié du XVIème s. s'emploient à régulariser et fortifier l'administration municipale et royale, à Orléans comme dans tout le royaume.
La ville connaît d'importantes transformations urbaines : la grande enceinte, commencée en 1485 et qui fait plus que doubler la surface intra-muros, la cathédrale commencée deux cents ans auparavant, des bâtiments civils, des églises et des hôtels particuliers.
Mais avec le développement de la réforme dans la ville, cette période fortunée prend brutalement fin et Orléans devient le théâtre des plus sanglantes tragédies durant les guerres de religion.

Histoire de France
Chronologie des principaux événements de l'époque


La grande accrue d'Orléans

Les travaux de le grande enceinte, visant à agrandir la ville vers le nord-ouest sont commencés en 1485 à l'initiative du duc d'Orléans, futur Louis XII et terminés en 1555, sous Henri III.


Les nouveaux monuments

La cathédrale

Au début du XVIème siècle, la cathédrale, commencée deux cents ans auparavant par Robert de Courtenay, est presque achevée.

Bâtiments civils

L'hôtel de ville est le premier bâtiment construit selon les formules nouvelles. Les procureurs décident vers 1480 de faire construire près du Beffroi une maison commune digne de la ville. Le nouvel édifice, mariant les lignes classiques avec l'ornementation familière de la région est terminé en 1513.
En 1498, le duc d'Orléans, futur Louis XII décide de doter l'Université d'un vaste édifice où les professeurs pourront faire régulièrement leurs cours. Ce sont les grandes écoles que les étudiants fréquentent à partir de 1514 et qui, jusqu'au milieu de XIXème siècle, honoreront la rue de l'Université d'une façade soigneusement ouvragée.
L'Hôtel-Dieu est agrandi et embelli, au début du XVIème siècle.

Eglises

Au cours de ces mêmes années, Saint-Aignan est achevé et enrichi de plusieurs chapelles. Après la cathédrale, c'est alors la plus importante église d'Orléans; sa haute tour domine la Tour-Neuve, les remparts et la longue terrasse qu'avait fait élever le roi Louis XI.
Des églises sont édifiées dans les quartiers neufs : Saint-Paterne (à l'endroit où existait la petite chapelle de Saint-Pouair) et Saint-Pierre-Ensentelée.
Notre-Dame de Recouvrance et Saint-Paul sont mises en chantier à la même époque.

Maisons particulières

La splendeur de l'époque éclate d'étonnante façon dans les constructions qu'élèvent pour se loger les bourgeois de la ville.
Les Brachet font construire, sous le règne de Louis XII, le somptueux hôtel qui deviendra plus tard l'Intendance. Plus tard, entre 1525 et 1550, quatre grands hôtels sont édifiés par d'autres particuliers. Le premier, construit par Euverte Hatte, rue du Tabour, deviendra le Musée Jeanne d'Arc.


L'hôtel Euverte Hatte (musée Jeanne d'Arc)

Vers 1538, Guillaume Toutin, valet de chambre du Dauphin, fait édifier rue de Recouvrance, la demeure connue sous le nom de maison de François Ier. L'hôtel Cabu, construit sur un plan analogue, date de la même époque. Enfin, sur un plan plus grandiose, Jérôme Groslot, alors bailli d'Orléans, fait élever vers 1550 la maison de la place de l'Etape qui deviendra l'hôtel de ville.


Développement de la réforme à Orléans

Au début du XVIème siècle, les thèses de Luther arrivent à Orléans, par l'intermédiaire des étudiants germaniques, et grâce à la diffusion des livres.
C'est à cette période, entre 1528 et 1533, que Jean Calvin vient étudier le droit dans les universités d'Orléans et de Bourges. Il semblerait qu'il ait résidé à Orléans dans une maison située rue Calvin, détruite en 1941 pour faire place aux anciens bains douches, récemment démolis.
Après avoir obtenu son grade de docteur en droit, il adhère à la réforme en novembre 1533.

Restitution de la maison dite de Calvin par Clément Alix.

Réalisations 3D :
Laurent Josserand (Polytech Orléans)

 

 

 

Après les milieux universitaires, les thèses de la réforme gagnent les milieux littéraires, les couches populaires et enfin les nobles.
En 1557, après l'arrivée successive à Orléans de protestants fuyant la persécution, l'église réformée est suffisamment importante pour justifier un pasteur, Fayet venant de Genève.


1560 : La conjuration d'Amboise

En 1560, François II, alors âgé de 16 ans a laissé le pouvoir aux Guise, chefs du parti catholique et favorables à la lutte à outrance contre les protestants. Ces derniers, avec à leur tête le prince de Condé organisent un complot dans le but de renverser les Guise, de faire leur procès, de rétablir les Bourbons sur le trône et de convoquer les Etats Généraux. Mais l'enlèvement mené les 16 et 17 mars au château d'Amboise échoue.

François II
François II
Louis Ier prince de Condé
Louis Ier, prince de Condé
Condé se trouve alors à Orléans, faisant afficher des placards contre les Guise. Ceux-ci décident d'y réunir les Etats Généraux, craignant de laisser la ville à la merci des réformés.
Le 19 octobre 1560, François II fait son entrée à Orléans, rejoint par la jeune reine Marie Stuart. Deux jours plus tard, le prince de Condé, arrive à son tour, confiant dans la bonne foi du roi. Mais le soir même les Guise le font arrêter, ainsi que la semaine suivante, Jérôme Groslot et plusieurs autres officiers. Le 14 novembre, l'église réformée est dissoute. Le 26, le prince de Condé est condamné à mort. Mais le 5 décembre, François II, souffrant depuis une semaine d'un abcès à l'oreille, meurt dans sa chambre de l'hôtel Groslot.

La mort de François II
La mort de François II à l'Hotel Groslot - Tableau de Pierre Dupuis, 1865

Son frère n'a que dix ans et c'est sa mère Catherine de Médicis qui obtient la régence. Celle-ci cherche aussitôt à échapper à l'autorité des Guise. Le 10 décembre, Condé est en route pour la Picardie, tandis que Groslot se réfugie au château de L'Isle.


13 décembre 1560 : Les Etats Généraux

Les Etats Généraux s'ouvrent à Orléans, le 13 décembre 1560, dans une salle construite pour l'occasion, place de l'Etape.
Le Chancelier Michel de l'Hôpital obtient que les question religieuses soient débattues lors d'un prochain Concile, alors que la reine empêche la noblesse et le tiers de discuter des limites et de la légitimité du pouvoir royal en leur ordonnant de rédiger des cahiers.
Après de longs et orageux débats, les Etats sont clos le 31 janvier 1561.


1562 : L'insurrection protestante et le siège d'Orléans.

Le prince de la Roche-sur-Yon, gouverneur de la ville depuis le départ de la reine, s'efforce de faire cohabiter pacifiquement les deux cultes. Mais les réformés toujours plus nombreux, prennent de l'assurance, profitant de l'indulgence du gouverneur. C'est ainsi qu'au cours de l'été 1561, Groslot fait pendre sur la place du Martroi, le procureur de Jargeau, coupable d'avoir fait tuer un protestant.

En 1562, le duc de Guise organise le massacre des protestants à Wassy, déclenchant le début des guerres de religion. Condé décide alors de faire d'Orléans la capitale de la France protestante. Il entre dans la ville avec deux mille hommes, les catholiques n'osant lui résister. Au début la cohabitation se passe bien, mais le 21 avril 1562, apprenant que des protestants viennent d'être assassinés à Sens, les huguenots se soulèvent et les églises sont dévastées.
En septembre 1562, à la suite de la prise de Bourges par les catholiques, Condé s'occupe de renforcer la défense d'Orléans. Le 7 novembre, parti en campagne, il se fait battre et capturer à Dreux. Coligny, devenu chef des huguenots, laisse la ville sous les ordres de son frère d'Andelot le 1er février 1563.
Cinq jours plus tard, le duc François de Guise arrive à Olivet avec les troupes royales. Il donne l'assaut avec trois mille hommes et il s'en faut de peut que la ville ne soit prise. Le 18 février, après avoir fait venir de Paris des canons et du matériel, le duc de Guise s'apprête à repartir à l'assaut. Mais le soir même, alors qu'il revient d'une tournée d'inspection, il est assassiné par le protestant Poltrot de Méré.

Duc de Guise
François Ier de Lorraine, duc de Guise, portrait par François Clouet


Sa mort désorganise l'armée royale et au début du mois de mars des négociations commencent entre Condé, retenu à Amboise depuis la bataille de Dreux, et Montmorency, prisonnier des Huguenots. Le 12 mars, la paix de Caudray (ou de l'Isle-aux-Boeufs) est signée, confirmée dix jours plus tard par l'édit d'Amboise. Le 1er avril, les soldats huguenots évacuent la ville.


1563 à 1567 : Le gouvernement de Sipierre et le retour à la paix

Sipierre, nommé gouverneur par la Reine-Mère est chargé de ramener la paix entre les Orléanais, dressés les uns contre les autres. Après avoir désarmé les habitants, le calme revient rapidement.
Le 26 avril 1563, Charles IX et sa mère arrivent à Orléans, pour donner les instructions nécessaires à l'application du traité de l'Isle-aux-Boeufs. Les catholiques retrouvent ainsi une place importante dans toutes les fonctions publiques.
Sipierre, s'attachant à faire respecter scrupuleusement les clauses de la paix, de nombreux protestants certains d'être en sécurité à Orléans, viennent s'y réfugier. Le roi décide alors de démanteler la ville pour éviter qu'elle ne puisse servir de place forte en cas de nouveaux troubles. C'est ainsi que les tours sont minées, la Porte-Bourgogne démolie, et la Porte-Bannier transformée en citadelle, occupée par une garnison catholique.


1567 : Deuxième occupation d'Orléans par les protestants

En 1567, débute la deuxième guerre de religion, et le 28 septembre, les huguenots s'emparent de la citadelle Bannier.Deux jours plus tard, Condé et Coligny entrent dans la ville qui est ensuite envahie de soldats. Mais la ville étant démantelée, Condé ne peut s'en servir pour appuyer ses opérations militaires. Pendant qu'il part mettre le siège devant Chartres, les protestants restés à Orléans s'acharnent sur les églises. Rentrant victorieux de Chartres, mais déplorant ces excès, Condé fait murer les portes de la cathédrale pour éviter de nouveaux saccages. Cependant, un petit groupe de huguenots fanatiques, déçus de voir Condé prêt à traiter avec les catholiques, font sauter la cathédrale.


1572 : Massacre de la Saint-Barthélémy

Après la paix de Longjumeau (23 mars 1568), Charles IX charge François de Balzac d'Entragues de pacifier Orléans. Ce dernier doit prendre des mesures énergiques pour limiter les débordements des catholiques qui s'en prennent aux prêches protestants. Le calme finit par revenir, mais néanmoins, Charles IX décide le 23 novembre 1568 de créer l'office de maire dont il contrôle la nomination, afin de limiter l'autonomie municipale dont jouit la ville depuis 1384.
Malgré quelques violences exercées sur les protestants au cours du printemps et de l'été 1569, Orléans semblait pacifiée.
En 1572, à la suite de l'attentat manqué contre Coligny, la reine craignant qu'une enquête ne démasque les princes catholiques, cède à la panique, et dans la nuit du 23 août, Charles IX donne son accord pour l'extermination des huguenots. La tuerie commence à Paris à l'aube du 24 août et ne s'arrête que le 28 sur ordre du roi.
Entre temps, des messagers sont chargés de transmettre les sanglantes instructions en province. Le massacre des protestants à Orléans, fut opéré avec méthode le mardi 26 et le mercredi 27 et fit 7 à 800 victimes.