Des origines à la conquête romaine (jusqu'à 52 av. JC)


Histoire d'Orléans

Histoire de France
Chronologie des principaux événements de l'époque


Les origines d'Orléans

Orléans est située au sommet de la grande boucle de la Loire, à un endroit où, venant du Sud, il fallait quitter le fleuve pour poursuivre par voie terrestre vers le Nord. Dans l'autre sens, on franchissait la Loire par un pont qui existait avant l'arrivée de César.

Les premiers habitants de Cenabum, la future cité gauloise, s'installèrent probablement au nord de la Loire, sur une colline dont le temple constitue maintenant le sommet, en face d'une île verdoyante. Cette colline était bordée de chaque côté par deux petites rivières descendant vers la Loire aux emplacements actuels des rues Sainte-Catherine, Ducerceau et des Hôtelleries à l'ouest, et des rues du Bourdon-Blanc et de la Tour-Neuve à l'est. L'embouchure occidentale devait probablement permettre d'abriter des embarcations, si l'on en juge par les restes de ce qui sembla être un bassin, découvert en 1902 lors de travaux effectués rue Ducerceau. C'est d'ailleurs à cet endroit, à l'ouest de la rue des Hôtelleries, que l'on situe le pont gaulois.

Au temps des Ligures, les premiers habitants de la région dont on connaisse le nom, le campement de cases grossières s'était transformé en bourgade, bientôt occupée par les Celtes ou Gaulois, lorsqu'ils envahirent la France, au début du VIème siècle av. JC.

Le nom de Genabum (ou Cenabum) viendrait du vocable celtique "gen" signifiant courbure ou menton, choix naturellement justifié par la forme du cours de la Loire à cet endroit. Ce préfixe est également à l'origine du nom de Gênes à cause de la forme de son golfe et de celui de Genève par celle du lac Léman.


Cenabum au temps des Carnutes

L'Orléanais devait à sa position centrale une importance prépondérante dans notre pays.
La tribu qui habitait cette région privilégiée et qui en tirait un certain lustre était celle des Carnutes, dont Cenabum (Orléans) était avec Autricum (Chartres) une des deux grandes places fortes.


Limites estimées du territoire des Carnutes
(les limites des départements actuels figurent en rouge)

Nous savons très peu de choses des Carnutes avant la guerre des Gaules, si ce n'est qu'ils sont signalés comme faisant partie des peuples gaulois, qui, conduits par Bellovèse, émigrant vers l'Italie "sous le règne de Tarquin l'Ancien".
Le territoire des Carnutes était particulièrement vaste. Devenu sous l'administration romaine la Civitas Carnutum, il a été reconstitué à l'aide des anciens diocèse de Chartres (avant 1697) et d'Orléans (avant 1790). Au nord, il atteignait la Seine, pour s'étendre, au sud, jusqu'à la Sauldre et même peut-être jusqu'au Cher.
La grande assemblée annuelle des druides auxquels de nombreuses tribus gauloises accordaient une certaine autorité, avait lieu dans une de ces deux villes, mais on ne sait pas laquelle.
Les druides se réunissaient pour tenir leurs assises près de l'endroit où s'élève Saint-Benoît-sur-Loire. C'était là "l'ombilic sacré", le lieu où parvenaient les nouvelles, celui d'où partaient les ordres.
Genabum était à cette époque une cité prospère, principal marché des Carnutes, exploitants de la Beauce (production agricole et avant tout céréalière). Sans les réserves de grain et de fourrage qu'il trouva sur place, César n'aurait pas conquis le pays. C'est par César que l'on sait que la cité était un oppidum (ville fortifiée), et qu'un pont permettait de traverser la Loire.


58 à 53 avant JC : Le protectorat romain

De 58 à 53, César tente d'imposer le protectorat aux Carnutes. Il leur impose comme roi un certain Tasgetius de haute naissance, dont les ancêtres avaient régné sur la cité.
Mais la royauté est devenue très impopulaire chez les Gaulois et Tasgetius est assassiné dans la troisième année de son règne.
César ordonne alors à L. Plancus de quitter la Belgique avec sa légion, de venir hiverner chez les Carnutes et d'arrêter les assassins de Tasgetius.
Chez les Sénons voisins, un noble, Acco, entraîne le peuple à se débarrasser de son roi, Cavarinos, mais ce dernier a le temps de s'enfuir et de se réfugier auprès de César.
La politique de protectorat essayée par César est un échec.
César, de retour de campagne, fait exécuter Acco, puis estimant que la Gaule est devenue tranquille, repart en Italie.


La révolte des Carnutes : 13 février 52 av. JC

Exacerbés par l'exécution d'Acco, les chefs gaulois profitèrent de l'absence de César (rentré en Italie), pour préparer la guerre. Les Carnutes y prennent une part importante et sous l'influence des druides, font prêter un serment solennel de lutte à outrance.
" Lorsqu'arrive le jour convenu, à un signal donné, les Carnutes, ayant à leur tête Cotuatus et Conconnétodumnos, des hommes capables de tout, se précipitent dans Genabum. Il y avait là des citoyens romains qui s'étaient établis pour faire du commerce, et parmi eux C. Fufius Cita, honorable chevalier romain, que César avait chargé d'assurer l'approvisionnement en blé; tous sont massacrés et leurs biens sont pillés" (César VII, 1-3).
La nouvelle est transmise le jour même, par les crieurs échelonnés chez les Arvernes, où Vercingétorix prend la tête d'un soulèvement général.


Les représailles de César : la ville est pillée et incendiée : 52 av. JC

Répression de la révolte des Carnutes, fomentée par Gutruatus et Vercingétorix.
César partit en Italie, repasse les Alpes à marches forcées. Avant de secourir ses alliés Boïens que Vercingétorix assiège dans Gortona (Sancerre), il veut punir les Carnutes du massacre du mois précédent, et en moins d'une semaine il arrive aux portes de Genabum.
Les Carnutes commencent par fortifier la ville, mais finalement, ils préfèrent s'enfuir devant l'arrivée de César.
La nuit tombée, les habitants commencent à quitter la ville en silence par un pont sur la Loire, mais César qui avait gardé deux légions en état de veille en prévision de cette éventualité, se rend maître de la place : "il s'en fallut de peu que tous les ennemis ne fussent faits prisonniers, car l'étroitesse du pont et de ses accès avait bloqué cette multitude en fuite. César pille et brûle la ville, répartit le butin entre ses soldats, passe la Loire avec son armée et arrive aux confins des Bituriges" (César VII-II).
Durant plusieurs années, Genabum demeura un amas de ruines où deux légions tenaient garnison.


La soumission des Carnutes : été 51 av. JC

Après sa victoire totale sur Vercingétorix (en juillet 52 av. JC à Alésia), César met en oeuvre la pacification.
Les peuples gaulois sont soumis d'autant plus durement que César est pressé d'en finir, sa situation à Rome ne cessant de se détériorer sous les coups de ses rivaux.
A l'été 51, il se rend chez les Carnutes pour réclamer Gutuater, l'âme de la résistance. Selon Vossius et Ciacconius, il s'agirait de Cotuatus, le complice de Conconnnétodumnos dans la première révolte des Carnutes. Recherché et promptement amené au camp de César, il sera exécuté.
Le supplice de Gutuater met ainsi fin au grand soulèvement de la Gaule.
Les Carnutes, soumis et bientôt pardonnés, vont apprendre à connaître la paix romaine.