L'avènement des Valois et la guerre de Cent Ans (1327 à 1498)


Histoire d'Orléans

L'avènement des Valois marque le début de la guerre de Cent Ans. Après les premières défaites françaises (l'Ecluse, Crécy) et la bataille de Poitiers, le Prince Noir, fils d'Edouard III, menace Orléans (1358, 1359). La destruction des faubourgs permet néanmoins de sauver la ville.
Sous le règne de Charles V, qui a su s'entourer de chefs militaires habiles, les Orléanais profitent d'une période de calme qui durent jusqu'à la fin du siècle, pendant laquelle les finances du royaume permettent de relever les faubourgs.
Mais, après la mort de Charles V, la minorité puis la folie de Charles VI, les émeutes parisiennes et la guerre civile (Bourguignons-Armagnacs) favorisent le retour en force des Anglais. En 1428, ils tentent d'envahir le sud et mettent le siège devant Orléans. Mais l'intervention de Jeanne d'Arc, qui délivre la ville en 1429, marque le début d'un retournement en faveur de Charles VII, qui se poursuivra jusqu'à la fin de la guerre en 1475, dont la France sort victorieuse avec un pouvoir royal renforcé.
La reconstruction est terminée avant même la fin de la guerre, et à la mort de Charles VII, l'ordre règne dans la cité. le règne de Louis XI, qui séjoure souvent à Orléans, favorise l'expansion et l'aménagement de la ville. L'enceinte est ainsi agrandie entre 1466 et 1480.

Histoire de France
Chronologie des principaux événements de l'époque


1358, 1359 : Le Prince Noir menace Orléans

La bataille de Poitiers, perdue par le roi Jean, met la France à la discrétion des Anglais. Dès 1357 des partis ennemis circulent autour d'Orléans et en 1359 une armée anglaise, après avoir parcouru tout le Nord de la France, apparaît devant les murs.
Comme il arrive après une longue période de paix, la ville n'est pas préparée : les maisons des faubourgs, élevées trop près des remparts, rendent la défense impossible. Il faut tout détruire, maisons et églises : Saint-Pierre-Ensentelée, Saint-Euverte, Saint-Aignan sont rasés et cette mesure énergique est une mesure de salut. La large zone déserte qui s'étend autour des remparts rend toute surprise impossible : l'armée d'Edouard III continue donc son chemin. La ville d'Orléans est sauvée.


1401 : Orléans est mise en état de défense

La guerre reprend avec l'Angleterre en 1404. Après avoir écrasé les Français à Azincourt en 1415, les Anglais sont bientôt maîtres de toute la Normandie. Le dauphin Charles doit s'enfuir et se réfugier au sud de la Loire. Le fleuve se transforme en frontière, avec Orléans comme bastion.
Mais depuis longtemps, les procureurs alertés ont pris les précautions nécessaires pour mettre la ville en état de défense. Dès 1401, le roi les approuvant, ordonne d'accommoder les murailles aux nouveaux modes de combat. En 1404, la Porte-Parisie est aménagée pour recevoir des canons; en 1412 les herses sont mises en état. Des boulevards sont édifiés au-delà des fossés pour défendre les portes; des pieux solidement liés sont enfoncés sur les ados des fossés. Bientôt les faubourgs sont protégés par des portes ferrées.
Six grosses bombardes et douze petites sont achetées en 1416. Sur la Motte-Sainte-Antoine, un petit fortin est édifié pour doubler les Tourelles. En 1419, des canons sont disposés sur le pont, sur les tours principales et une grosse baliste est montée sur la Porte-Renard. Cent trente mantelets ou boucliers de remparts sont disposés sur les chemins de ronde.
Les murailles comptent alors trente-deux tours, sans compter la petite bastille élevée sur la Motte-des-Poissonniers et les Tourelles qui ferment le pont. Elles sont rondes comme la grosse tour du Châtelet et comme la Tour-Neuve, la plus belle de toutes, ou accolées à la muraille en forme de demi-cercle, comme la Tour du Heaume.
La cité compte environ 12 000 habitants. Les compagnies bourgeoises forment le fond de la garnison, qui compte à peu près cinq mille hommes, tenus de se fournir d'armes et de vivres, dont l'état vient d'être dressé par le sire de Gaucourt, gouverneur de la ville. Des soldats de métier venus d'un peu partout, tel maître Jehan, le coulevrinier lorrain, sont prêts à collaborer à la défense.
En 1421, le roi d'Angleterre Henri V apparaît devant les murailles et le siège semble inévitable, quand une attaque de dysenterie le contraint à regagner Paris où il ne tarde pas à succomber.


1428 : Les Anglais assiègent Orléans

Au cours de l'été 1428, le général anglais Salisbury s'achemine vers Orléans avec son armée, ses canons et son matériel de siège.
9 sept 1428 : les Anglais traversent la Loire à Meung pour tenter d'isoler Orléans du Sud, resté français.
16 sept 1428 : un détachement se heurte aux Anglais, qui lui tuent 3 hommes.
2 oct 1428 : des paysans annoncent que Walpoole occupe Jargeau.
10 et 11 oct 1428 : Walpoole est à Olivet.
12 oct 1428 : Salisbury et le gros de l'armée anglaise rejoignent Walpoole. C'est le début du siège.
21 oct 1428 : première attaque anglaise par le Sud. Les Tourelles sont abandonnées. Deux arches du pont sont coupées en arrière du fortin, et un parapet est élevé sur le tronçon du pont qui demeure français.
22 oct 1428 : Dunois, le Bâtard d'Orléans fait son entrée dans la ville avec un renfort de 800 hommes d'armes.
26 oct 1428 : Salisbury est tué par un projectile, alors qu'il regarde la ville du haut des Tourelles.
En novembre et décembre 1428, en application des consignes données en avril 1419 par le dauphin Charles, les Orléanais abattent une seconde fois les faubourgs et une vingtaine d'églises. Ces destructions sont importantes pour la topographie de la ville : en dehors de la deuxième enceinte, il ne resta pas une église antérieure à 1428. Parmi elles, tous les édifices qui existent encore ont donc été reconstruits postérieurement à cette date. Par contre, les rues et chemins ont conservé leur tracé.
1er dec 1428 : Talbot, le nouveau général désigné pour remplacer Salisbury, rejoint les cantonnements anglais avec quelques troupes. Des renforts importants arriveront dans le courant du mois de décembre.
Jusqu'au mois de janvier, les anglais, ne pouvant forcer la défense orléanaise, construisent des fortins ou bastilles pour commander les routes menant à la ville, sans toutefois réussir à en bloquer complètement les accès. Des convois arrivent en effet à passer sans difficulté. A l'ouest, les bastilles décrivent une parallèle à l'enceinte à environ 700m, distance qui mettait les assiégeants hors de portée des canons des assiégés. L'enceinte du XVIème siècle suivra cette ligne.
12 fev 1429 : une tentative pour couper les communications des assiégeants avec le Nord de la France se solde par une défaite française connue sous le nom de "journée des harengs".
Le moral des assiégés est alors au plus bas, lorsque les Orléanais apprennent l'arrivée prochaine d'une libératrice à la tête d'une nouvelle armée levée par le roi pour sauver la ville
A la fin avril, la situation d'Orléans est loin d'être désespérée. Au cours de l'hiver, Talbot n'est parvenu ni à bloquer complètement la ville, ni à menacer dangereusement les remparts. Après les défections, les maladies, l'armée anglaise ne compte pas beaucoup plus de trois à quatre mille hommes, mal logés dans leurs bastilles, souffrant du foid et peut-être de la faim, alors que les renforts annoncés par le duc de Bedford n'arrivent pas. Les Orléanais, au contraire, ne manquent ne rien, approvisionnés par les régions restées françaises.


1429 : Jeanne d'Arc délivre Orléans

28 avril : l'armée de Jeanne d'Arc, arrivant de Chinon, contourne les retranchements ennemis et est signalée au-delà de Saint-Jean-le-Blanc. Dunois quitte la ville et traverse la Loire, pour aller à sa rencontre, tandis que des chalands remonte la Loire jusqu'à Chécy pour faire traverser le convoi de ravitaillement qui accompagne l'armée de Jeanne. Toutefois, le convoi étant trop important, la plus grande partie s'en retourne pour aller passer la Loire à Blois, tandis que Jeanne la traverse sur place avec un détachement et va loger à Chécy.
Le 29 au matin, une diversion à la bastille Saint-Loup permet aux chalands de rentrer sans encombre à Orléans. Dunois est à bord, et repart à la tombée du jour à la tête de quelques cavaliers pour aller à la rencontre de Jeanne et de son escorte. Les deux petites troupes font leur jonction vers Semoy, puis retraverse les lignes ennemies sans que les soldats de Talbot fassent un effort pour les arrêter. A huit heures du soir, les portes de la ville s'ouvrent devant Jeanne d'Arc. L'enthousiasme est tel que dès le lendemain, les milices bourgeoises veulent attaquer les bastilles ennemies. Le Bâtard et Jeanne d'Arc doivent les calmer, préférant attendre le retour de l'armée qui est retournée à Blois où le Bâtard se rend le lendemain.
Le 3 mai au soir, des coureurs annoncent la venue de l'armée de secours par la forêt et celle d'un nouveau convoi de vivres par la Sologne. Le 4 mai, Jeanne et cinq cents hommes sortent de la ville par la porte Parisie, font leur jonction en forêt avec l'armée de secours et rentrent sans peine à Orléans.
A peine revenu, le Bâtard s'occupe quant à lui du convoi de vivres : reprenant la tactique qui avait réussi quelques jours plus tôt, il ordonne d'esquisser une attaque du côté de la bastille Saint-Loup, pendant que les chalands passeront. Jeanne d'Arc transforme la diversion en une véritable attaque et s'empare de la bastille avant que Talbot ne puisse la secourir.
Le lendemain 6 mai, malgré l'avis des capitaines, Jeanne entraîne La Hire et les milices orléanaises et passe la Loire avec eux. Dunois suit avec ses compagnies. La position des Tourelles se compose de trois éléments : la bastille des Augustins, un boulevard et le fort de l'entrée du pont, séparé du boulevard par un bras du fleuve. Après une journée d'assaut, les Anglais abandonnent la bastille et se réfugient dans le boulevard.
Jeanne, au matin du 7 mai, passe le fleuve avec le Bâtard et le maréchal de Rieux. Elle est blessée pendant la bataille, mais au cinquième assaut, son étendard flotte sur le boulevard. Pendant ce temps, de l'autre côté, quelques habitants jettent des planches sur le pont et parviennent au pied des Tourelles. Les Anglais s'y réfugient au moment où ils évacuent le boulevard, mais un brûlot incendie le pont-levis par lequel ils se retirent, et les capitaines qui ferment la marche tombent dans le fleuve et se noient. Attaqués devant et derrière, les derniers Anglais se rendent et Jeanne, comme elle l'avait promis, rentre par le pont dans Orléans.
Le lendemain, 8 mai, Talbot donne le signal de la retraite


Louis XI, roi Orléanais

C'est dans une ville prospère et raffinée que le roi Louis XI pénètre par la porte Bannier dans la nuit du 30 septembre 1461. Le roi gagne le Châtelet où il loge quelques jours dans les appartements de son cousin d'Orléans, puis il quitte la ville. Il visite alors son royaume, cherchant partout un appui contre les princes.
Il revient à Orléans cinq ans plus tard, en 1466. Il trouve alors un sérieux avantage à occuper le coeur du royaume. Il y trouve aussi quelque agrément. Le roi passe dans la ville toute l'année 1466 et gardera l'habitude d'y faire de longs séjours. De tempérament bourgeois, entouré de conseillers de condition modeste, il se plait au milieu de ses compères, les procureurs et les marchands qui administrent Orléans.

A une période où la couronne est encore bien fragile et où son esprit pourrait être absorbé par les intrigues du duc de Bretagne et du duc de Bourgogne, le Roi s'occupe sur place de prendre des décisions susceptibles de transformer la ville.
Il ordonne d'abord d'édifier des quais le long de la Loire pour faciliter le débarquement des marchandises et les mettre à l'abri des crues, voire des inondations.
Il décide ensuite de repousser vers l'est les fortifications de la ville bien au-delà de l'église Saint-Aignan nouvellement reconstruite, et d'englober également Saint-Euverte dans les nouvelles murailles.

Durant tout son règne, Louis XI sera soutenu financièrement par les Orléanais, dans sa lutte contre la maison de Bourgogne. Orléans pourra le faire sans grand dommage. Louis XI ne négligera jamais rien qui puisse développer le commerce. Tout cela favorisera la ville, dont, chaque année, les marchés et les foire gagneront en importance. De 15 à 20000, la population d'Orléans passera, en vingt-cinq ans, à 26 ou 28000 habitants.