Eglise Saint-Aignan

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L'église Saint-Aignan vue de la rive Sud de la Loire.

En juin 451, les troupes d’Attila envahissent Orléans. L'Evêque Aignan arrête les Barbares sous les murs de l'Eglise Saint Pierre aux Boeufs, bâtie sur les ruines d'un temple romain. Grâce aux prières de l'Evêque et au soutien armé des troupes d'Aetius, les Huns quittent la cité sans la dévaster. Saint Pierre aux Boeufs -ainsi nommée car elle était construite au milieu d'une prairie dans laquelle paissaient de nombreux troupeaux- sera bientôt rebaptisée pour devenir l'Eglise Saint Aignan.

Du sanctuaire à la naissance du Bourg

Saint-Aignan, vénéré de son vivant, meurt le 17 Novembre 453. Il est inhumé à l’Est de la ville, en l’Eglise de Saint-Pierre aux Bœufs. (Il existe une variante à cette version qui veut que les reliques de Saint-Aignan n’aient été transportées à Saint-Pierre que vers l’an 500; son premier lieu d’inhumation ayant été Saint Laurent lès Orgevils, dont il était abbé).
Dès le Vème siècle, un sanctuaire s’élève au-dessus du tombeau du Saint Patron de la cité. Saint Aignan, sous les règnes de Clovis I et de Clotaire I, s'aggrandit et s'enrichit. Au VIIème siècle, l’église est déjà citée comme un monastère. La reine Bathilde (femme de Clovis II) y établit la règle de Saint Benoît et de Saint Colomban, écclésiaste irlandais. Saint-Aignan se compose alors d'au moins 13 moines car elle accède au rang d'abbaye. Vers le IXème siècle, ceux-ci refuseront la règle de Saint-Benoît et choisiront le statut de chanoine. La vie de la collégiale s'organise alors autour du cloître : de l'instruction des clercs à l'assistance aux pauvres et aux malades, de la culture des champs à l'activité des copistes, le cloître est le refuge de la culture au sein de la cité.

Grâce à l'influence de l'Evêque Théodulfe, confident de Charlemagne, la collégiale prospère : elle possède six bateaux navigant sur la Loire qui permettent le ravitaillement en vivres, sans avoir à payer ni péage, ni droit de passage. Théodulfe fait par ailleurs élever une basilique qui est saccagée par les Normands en 865.

Ravagée par les inondations, pillée par les Normands, la première collégiale disparaît dans l’incendie de 989 ; ne laissant de cette construction que l’actuelle crypte.

La basilique romane

L’église est reconstruite par Robert le Pieux. Les travaux commencent en 1017 et s’achèvent par sa consécration le 14 Juin 1029.
Afin de prévenir les inondations, l’édifice se situera désormais plus haut par rapport à la Loire, sur le site de l’ancien cimetière gallo-romain. Il est édifié dans le style roman qui utilise des systèmes variés de voûtes de pierre qui évitent les incendies de charpente.
Saint-Aignan accède au statut d’Eglise Royale. A compter du règne de Robert le Pieux, tous les Rois de France sont abbés laïcs de Saint-Aignan et y viennent en pèlerinage. En 1259, Saint-Louis, en séjour à Orléans, fait transférer les reliques de Saint-Aignan dans une châsse précieuse.

La guerre de cent ans

En 1359, Orléans est assiégée par les Anglais .
Alors que Saint-Pierre Ensentelée et Saint-Euverte viennent d’être détruites, 2000 orléanais se réfugient dans le bourg Saint-Aignan. Mais les troupes de Robert Knowles s’apprêtent à mener un autre assaut sur la ville et les orléanais veulent détruire le dernier bâtiment qui pourrait servir de bastide à l’Anglais. Les chanoines s’opposent à la destruction de la collégiale, arguant qu’il suffirait de mettre le Bourg en état de se défendre. Pour les faire plier, 80 hommes pénètrent dans l’église à l’heure des vêpres, sous couvert de la protéger en cas d’attaque. Le lendemain, les religieux sont expulsés et la Collégiale subit le même sort que les deux autres églises du Bourg Saint-Aignan. Il faudra 8 jours aux orléanais pour détruire la basilique romane.
Il n'en reste à ce jour que la crypte où est situé le martyrium ayant abrité le corps de Saint-Aignan, avant le transfert de ses reliques dans l'église haute.
L’église est relevée sous le règne de Charles V et Charles VI, mais ce nouvel édifice est éphémère.

En Octobre 1428, le Comte de Salisbury assiége Orléans sans l'envahir . Les orléanais procurent aux Anglais un abri fortifié en détruisant partiellement une église et un couvent (Saint-Augustin au Sud de la Loire). Ils décident alors pour se protéger de raser toutes les églises et faubourgs situés en dehors de l’enceinte de la ville. Sur ordre du bailli Raoul de Gaucourt, ces plans sont mis à exécution entre le 8 Novembre et le 29 Décembre. Saint-Aignan, achevée huit ans auparavant, est rasée pour la seconde fois en soixante-dix ans.

Charles VII, en 1439, réédifie l'église et lui fait don d'une châsse en or massif. Il accède à l'essentiel des attentes des chanoines notamment en leur accordant un droit de prélèvement sur les gabelles. Leur seconde demande reste en revanche lettre morte. Et il leur faut attendre l'accession au trône de Louis XI pour que Saint Aignan et son bourg soient intégrés aux murs d'enceinte de la cité.

Louis XI arrive en Février 1466 à Orléans. Il convoque aux halles une assemblée des habitants pour délibérer de la construction d'un mur défensif autour du bourg. Si les orléanais se montrent décidés à inclure la collégiale dans leurs murs, c'est au tour des chanoines de s'opposer à cette édification. Ils craignent en effet les expropriations et désirent conserver l'intégralité de leur patrimoine immobilier. Malgré leur réticence, le roi donne ordre de commencer les travaux et dédommage les moines en leur offrant trois châsses dont une d'argent ainsi qu'une cloche gravée à son nom.

28 août 1509 : consécration de la nouvelle collégiale St Aignan par Martin de Dreux, évêque d'Arcadie et doyen du chapitre. Elle est désormais flanquée de 2 chapelles (sur le bas-côté du choeur) qui sont édifiées sous Charles VIII et Louis XII. Saint-Aignan est alors constituée d'une grande nef de 3 travées et de collatéraux qui se prolongent jusqu'au fond de la nef, ainsi que d'une tour carrée au nord ouest. Il ne subsiste de cet édifice que le choeur de 6 travées, le pan coupé de l'abside et le transept.

Les guerres de religion

1562 : les huguenots pillent Saint-Aignan. La grande chasse offerte par Louis XI en 1466 est transportée entre autres objets du culte à la tour neuve, pour être fondue et transformée en monnaie. Le 11 décembre 1567, ils font sauter la nef entre le clocher et le transept, démantelent les toitures et les voutes de l'église, du portail jusqu'à la tour.
En 1570, les chanoines font ériger au fond du transept, le mur occidental diminuant la collégiale de sa nef.

9 juillet 1614 : Louis XIII est à Orléans et commence sa visite à Saint-Aignan. En 1619, il fait construire l'actuel retable.

La Révolution

Le chapitre subsiste jusqu'en 1789.
Par un décret du 9 janvier 1791, Saint-Aignan est relégué comme chapelle annexe de la ville et destituée de son rôle de paroisse. Malgré leurs protestations, les chanoines sont contraints de quitter leurs fonctions.
En 1792/1793, acquisition de la collégiale par l'architecte orléanais Benoit Lebrun dont il est adjudicataire. L'église est convertie en atelier/magasin de fabrication des tentes de l'armée. En 1795, la liberté de culte est rétablie. En 1798, elle devient le temple de la Reconnaissance et de la Victoire, pour porter le nom de la fête civique qu'on doit y célébrer.

En 1802, Saint-Aignan est rendue au culte. Elle prend le titre d'église paroissiale de 1ère classe.
Le 10/8:1804, Lebrun commence la démolition des ruines des arcades méridionales de la nef, et de la tour. Les matériaux récupérés sont vendus. On voit encore les arcades de la 1ère travée de la grande nef, dans la cour de l'immeuble du n°1 du cloître Saint-Aignan.